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“...CHRONIQUE ET ANNALES
DE
GILLES LE MUISIT
ABBÉ DE SAINT-MARTIN DE TOURNAI
(1272-1352)
PUBLIÉES
POÜR LA SOCIÉTÉ BE l’hISTOIRE DE FRANCK
PAR
Henri LEMAITRE
A PARIS
LIBRAIRIE RENÓÜARD
H. LAURENS, ■ SUCCESSEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE l’hISTOIRE DE FRANCE
RUE DE TOURNON, N° 6
M DCCCC VI
322...”
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“...cbaque ouvrage a publier, un Gommissaire
responsable, chargé d’en surveiller 1’exécution.
Le nom de 1’éditeur sera placé en tête de chaque volume.
Aucun volume ne pourra paraitre sous le nom de la Société
sans 1’autorisation du Gonseil, et s’il n’est accompagné d’une
déclaration du Gommissaire responsable, portant que le travail
lui a paru mériter d’être publié.
Le Gommissaire responsable soussigné déclare que la Chro-
niqde et les Annales de Gilles le Mdisit, préparées par
M. H. Lemaitre, lui ont paru dignes d’être publiées par la
Société de l’Histoire de France.
Fait d Paris, le 4 5 janvier 4906. »
Signé : J. DELAVILLE LE ROÜLX.
Certifié
Le Secrétaire de la Société de I’Histoire de France,
A. DE BOISLISLE....”
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“...INTRODUCTION
Le lecteur sera peut-être surpris de trouver parmi les
ouvrages publiés par la Société de 1’Histoire de France la
Chronique et les Annales de Gilles le Muisit, oeuvres écrites k
Tournai par un Tournaisien qui n’a pour ainsi dire pas quitté
sa ville natale; il lui semblera au premier abord que ces textes
doivent présenter plus d’intérêt pour les historiens beiges
que pour les historiens francais. Rien n’est pourtant moins
vrai, et un examen même superficiel aura vite fait de détruire
cette prévention. Les guerres de Philippe le Bel et de ses flls,
celles des premiers Valois, les événements survenus en France
depuis 1296 jusqu'en 1351 tiennent presque tout le récit, et
si les affaires de Flandre, les faits survenus dans le nord de
la France sont 1’objet de plus longs développements, tout ce
qui s’est passé dans le reste du royaume n’y est pas moins
mentionnè avec précision.
II n’y a d’ailleurs pas lieu de s’étonner de cette abondance
de renseignements chez un chroniqueur vivant...”
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“...1’a
pas dit, mais c’est k Tournai vraisemblablement3. Son père *
1. Différentes notices ont été écrites sur la vie de Gilles le Mui-
sit. En void la liste par ordre chronologique : Bréquigny, dans
les Notices et ex traits des manuscrits de la Bibliothèque royale, t. II
(1789), p. 213-230; A. Dinaux, dans ses Trouvères de la Flandre
et du Tournaisis (Paris, 1839, in-8°), p. 205; J.-J. De Smet, en
tête de son édition de la Chronique, dans le Corpus Chronicorum
Flandrie, t. II (1841), p. 95-109; H. Pirenne, dans un article de
la Biographic nationale, t. IX (Bruxelles, 1890-91, in-8°), p. 798;
U. Berlière, dans un article.du Monasticon belgicum, 1.1 (Bruges,
1890, in-4»), p. 283; Paul Wagner, Gillon li Muisis,... sein Leben
und seine Werke (thèse inaugurale de 1’Université de Berlin).
Brünn, 1896, in-8®.
2. Cette date nous est fournie par Gilles lui-même; dans li
Estas dou monastere, il dit:« En 1’an de grasce mil CGC et chinc-
quante, a 1’entrée dou mois de may, auquel terme jou avoye de
eage...”
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“...Isabelle, Jeanne, Catherine et Marie.
Ges quelques mentions, cueillies $k et lk dans les registres
de Saint-Martin, ne permettent guère de nous figurer le
milieu ou Gilles a passé son enfance, de nous rendre compte
de 1’influence qu’a pu exercer sur lui sa familie. Toutefois,
nous pouvons dire que c’est dans les premières années de sa
vie qu’il acquit les qualités d’ordre et d’économie qui devaient
lui être plus tard si utiles dans l’administration de son
abbaye. Elevé dans une maison bourgeoise, par des parents
aisés mais obligés d’épargner pour nourrir et doter de nom-
P.-A. Du Chastel de la Howarderie-Neuvireuil a publié sur elle
une notice a laquelle nous renvoyons le lecteur (Notes pour servir
a l'histoire de la familie li Muisis ou le Muisi... Tournai, 1894,
in-4°, 32 p.).
1. Poésies de Gilles li Muisis, éd. Kervyn, 1.1, p. 8.
2. II mourut en effet avant sa femme, puisque Gilles dut sortir
du cquvent en 1290 pour régler la succession de ses parents.
3. Gf. Chronique de Gilles le Muisit...”
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6 |
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“...iv
INTRODUCTION.
breux enfants, il sut de bonne heure restreindre ses dépenses
et se contenter de peu :
Toudis euc moult petit d’argent
Mes de toutes necessités
Fui-ge toujours bien acquités4.
A huit ans, on le mit k 1’école; il y resta jusqu’k dix-huit
ans. Il nous le dit lui-même dans ses Poésies :
Quant je fuy mis a 1’escolie,
Wit ans ou environ avoye,
Et de cbou bien cbertains estoye.
Or fui a l’escole dix ans,
Aprendans, eantans et lisans,
La me fist-on par accort mettre
Pour estre doctrinés en lettre,
Dont apris au mieuls que je peuc2.
Gilles dut être un élève appliquè; esprit curieux, il avait
du goüt pour 1’étude; il recherchait la société des gens plus
agés que lui, c’est-k-dire de ceux qui pouvaient le mieux
répondre k ses interrogations et satisfaire k son désir de
savoir. Les jeux de ses camarades ne 1’amusaient guère, il
leur préférait les causeries instructives.
De bonne heure il se sentit attiré vers 1’église :
Jovenes volentiers antai
L’eglise, voire et boine gent3.
Ses...”
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“...de dix-huit ans k Saint-Martia de
Tournai. « Et lk entrai moult volentiers* », déclare-t-il lui-
même. II fut « rechius et vestis d’abit de religion le jour
des Ames, 1’an de grasce mil CC quatre vins et noef8 ». Son
année de noviciat n’était pas achevée lorsqu’un triste évé-
nement le fit sortir de 1’abbaye. Sa mère était morte le
10 mai 1290; il fallut pour régler la succession quitter
quelque temps 1’habit noir de Saint-Benoit, — étant moine
11 n’avait pas de personnalité civile et n’avait par consé-
quent pas le droit de régler ses affaires de familie. — Il
reprit le vêtement séculier et vécut ainsi auprès de son
frère pendant huit mois environ; ce ne fut que le 30 avril
1291 qu’il rentra k Saint-Martin1 2 3, cette fois pour long-
temps.
Pendant sept ans, il demeura en custode4. Que furent ses
occupations durant cette retraite? Nous le supposons aisé-
ment, se former k la vie monastique, compléter son instruc-
tion, apprendre ce que tout moine bénédictin doit savoir sur
son ordre5,...”
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8 |
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“...ses arguments.
2. Tome II, p. 645.
3. En effet, aucun autre membre de la familie le Muisit ne
porte le nom de Gilles. Le surnom de t Pluma » ne doit pas nous
surprendre, Gilles s’est toujours montré trés écrivassier; les
registres de Saint-Martin si bien tenus de son temps en portent
témoignage. On pourrait s’étonner que Gilles figurêt parmi les
étudiants pauvres, alors qu’il appartenait a une familie riche, il
suflit, pour répondre a eet argument, de faire remarquer que
Gilles était moine, et par conséquent n’avait pas de ressources...”
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“...permet d’affirmer que cette assertion
n’est pas exacte*; d’ailleurs, le cartulaire de 1’Université
indique que Gilles était prêtre lors de son voyage, ce qui
nous reporte h une date postérieure h son entrée en reli-
gion. A notre avis, Gilles requt la prêtrise après ses sept
années de retraite, puis vint h Paris et y séjourna depuis la
fin de 1’année 1297 jusque vers le milieu de 1301s.
personnelles, et que les finances de Saint-Martin étaient en trés
mauvais état a la fin du xiu' siècle.
1. t Par le commant du pape sour Pieron d’Arragone,
« Philippes, roys de France, mena mainte personne.
« Pau conquist, si moru; si k’aventure donne
« Franchois en ont eu depuis mainte rampronne.
« De ce tems me souvient, je vie le revenue... »
(Poésies de Gilles li Muisis, éd. Kervyn, t. II, p. 17-18.) Selon
M. Kervyn, il fallait que Gilles fut a Paris pour assister a ce
retour; nous ne le croyons pas. La ville de Tournai avait dü
envoyer a 1’armée de Philippe III un contingent, et c’est sans
doute le retour...”
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“...Paris. Nous ne pensons pas qu’il ait
passé aucun examen; nulle part le titre de docteur ou de
licencié ne lui est donné. II dut se contenter de suivre les
cours de quelques professeurs et de compléter par leur ensei-
gnement ce qu’il avait pu apprendre dans la bibliothèque
de Saint-Martin.
A ce voyage d’études succéda un séjour prolongé k Saint-
Martin sur lequel nous ne possédons que trés peu de rensei-
gnements. Nous savons seulement, par un acte du 24 octobre
1315, que notre chroniqueur était grainetier k cette date1;
la charge de prieur ne lui fut conflée que bien plus tard, vers
1329; peu de temps après sa nomination, il fut envoyé k Paris
en février 1330 pour défendre les intéréts du monastère
contre des créanciers*. Parti depuis quelques jours k peine,
il fut rappelé en toute hkte, par 1’abbé Thierry du Pare, qui
se sentait prés de mourir. Thierry mourut le 18 avril 1331.
Gilles, en sa qualité de prieur, fit procéder aux funérailles
et prit les mesures nécessaires pour 1’èlection d’un...”
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“...INTRODUCTION.
ix
n’était rien moins que florissante; les finances étaient en
mauvais état, les batiments claustraux tombaient en ruine,
des banquiers florentins poursuivaient 1’abbé pour recouvrer
leurs créances, ils avaient fait excommunier de ce chef 1’abbé
défunt1. Après un mois d’incertitude Gilles donna enfin son
consentement le jour de la Trinité 1331 (25 mai)2. Comme
il 1’avait prévu, les déboires ne lui manquèrent pas. II lui
fallut d'abord faire reconnaitre son élection par le pape,
et il eut k lutter contre un compétiteur que lui avait
suscité Guilhem de Ventadour, évêque de Tournai; il dut
demander des délais au pape pour acquitter le service com-
mun de ses prédécesseurs et le sien, aux Lombards pour
rembourser les sommes que leur avaient empruntées ses pré-
décesseurs3. Ce ne fut que le 25 octobre 1332 que Gilles put
enfin recevoir la consécration au monastère d’Eekhoud, prés
de Bruges4.
Gilles s’occupa dés lors k relever la situation financière
de Saint-Martin, gérant les...”
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“...Membre d’une grande familie de Tournai, il occupait par
sa naissance une place privilégiée dans la ville. Un grand
nombre de ses parents prenaient une part active k 1’adminis-
tration communale; son cousin Emoul le Muisit, dit du Bef-
froi, fut successivement prévöt, échevin, eswardeur1 2; Pierre
le Muisit, fils d’Ernoul, fut échevin en 1341,1342 et 1355*;
un autre cousin, Ernoul dit 1’Oncle, fut échevin de Saint-
Brice, faubourg de Tournai sur la rive droite de 1’Escaut3 4 5.
Ernoul le Muisit, dit le Borgne, fut également échevin de
Saint-Brice, eswardeur et juré de Tournai son fils Pierre,
seigneur d’Esquelmes, fut échevin, juré, maire des eswar-
deurs, souverain-prévöt6 7; il fut chargé deux fois de con-
duire h 1’armée du roi de France le contingent de Tournai,
d'abord en 1340 pendant la campagne de Hainaut6, puis en
1347 devant Calais1'. Gréce h eux, Gilles put se tenir tou-
jours au courant des affaires municipales; c’est peut-être
par leur entremise qu’il eut accès aux archives commu-...”
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“...INTRODUCTION. xiij
une histoire financière de son abbatiat1. Les chanoines de
Tournai ne le prirent comme arbitre dans leurs quereUes en
1350 que paree qu’ils connaissaient personnellement son
naturel conciliant2. Les gouverneurs de Tournai, avant de
rejoindre 1’armée du roi, en 1347, réunirent le contingent
tournaisien dans les cours de Saint-Martin3, ce qu’ils n’au-
raient certainement pas fait s’ils n’avaient été sürs d’etre
bien accueillis par 1’abbé. Mais Gilles le Muisit ne bornait
point lk le cercle de ses relations; il entretenait au loin des
córrespondances soit avec les gens qui avaient séjourné dans
son monastère, soit avec des agents qu’il avait chargés,
tant k Paris qu’en Avignon, des intéréts de sa maison.
De grands seigneurs, des légats, des officiers royaux
venaient souvent k Tournai pour le fait de la guerre ou
pour les affaires de Flandre; beaucoup parmi eux prenaient
gite k Saint-Martin de Tournai. Nous retrouvons dans la
Chronique le nom des h5tes les plus marquants...”
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“... pour les interroger sur les affaires qui les amenaient,
sur 1’état du royaume, sur la situation politique, sur les
pays qu’ils avaient parcourus.
Connaitre beaucoup de gens, s’enquérir sans cesse de nou-
velles, voilk déjk qui fait présager le chroniqueur. Mais
Gilles fit plus que collectionner des on dit, il fit oeuvre
d’historien.
Homme d’ordre, peu confiant en sa mémoire, il nota par
écrit tout ce dont il voulut conserver le souvenir. Ses
condisciples k Paris 1’avaient surnommé « Pluma », nous
ne croyons pas qu’il ait jamais fait mentir son surnom.
Au fur et k mesure que le bruit d’un événement lui par-
vint, il prit soin de le noter brièvement; de la sorte, il put
toujours préciser ses souvenirs en recourant k ses notes.
Esprit critique, aucun historiën ne fut plus circonspect
que lui. Loin d’accepter sans examen tous les récits qu’on
lui faisait, il en pesait la valeur, en recherchait le bien-
fondé, s’enquérait auprès des personnes les mieux placées
1. Cf. infra, p. 134.
2. Cf. infra...”
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“...fidem adhibeo et maxime si talia
registrarem de quibus certitudinem non haberem, totum
opus meum esset reprobandum, et in aliis michi non crede-
retur1. »
Les faits touchant h la religion eux-mêmes ne trouvent
point grace devant sa critique, et il ne les traite pas autre-
ment que de simples faits historiques. Les miracles ne
1’étonnent point; il cherche avant tout h vérifier leur
exactitude, suit les enquêtes des officiaux et n’accepte pas
toujours sans réserve les sentences rendues h ce sujet par les
évêques. II convient de signaler le scepticisme avec lequel il
accueillit certain miracle de la Vierge : quelques bonnes
gens priant dans la cathédrale de Tournai affirmaient avoir
vu pleurer une statue de la Yierge; 1’évêque de Tournai fit
contröler leurs dires, conférer leurs témoignages et flnale-
ment reconnut 1’authenticité du miracle. Gilles rapporte
1’histoire dans sa Chronique, mais il a soin d’ajouter que
malgré la sentence épiscopale « multi super dicto diversa
1. Cf. infra, p. 278-279...”
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“...xvj INTRODUCTION.
sentiebant et decertabant1 », dormant ainsi k penser qu’on
pourrait bien le ranger parmi ces gens.
Quant k son impartialitè, elle est au-dessus de tout soupgon,
quoiqu’il ne cache pas son attachement pour la France. Appar-
tenant par sa familie k la haute bourgeoisie de Toumai, ou
1’on ètait si dévoué k la France, fréquentant des officiers
des rois de France, Gilles se trouvait naturellement partisan
de la France et par suite souhaitai t vivement l’abaissement des
gens de métiers, la défaite des villes flamandes qui lui étaient
hostiles; il ne se fait pas faute de le dire. Cependant il n’al-
tère en rien la vérité; s’il lui répugne de raconter 1’attentat
d’Anagni, il en fait cependant mention2; s’il ne parle point
del’adultère de Jeanne de Bourgogne, il rapporte le supplice
des frères d’Aulnay3; il raconte même la mort de la petite
Philippine de Flandre, de telle sorte qu’on pourrait 1’im-
puter aux mauvais traitements qu’elle aurait subis4. On ne
peut done 1’accuser d’avoir...”
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“...INTRODUCTION. xvij
important comme agent de Gui de Dampierre; c’est par
lui que Gilles sut combien Boniface VIII avait été ému
par la nouvelle du désastre de Courtrai1. L’autre est son
cousin Jacques le Muisit, conseiller au Parlement2, qui
avait conservé des intéréts dans le pays de Tournai et
devait fréquemment revenir dans sa ville natale. Én
1347, il fut chargé avec Raymond Saquet, évêque de Thé-
rouanne, d’une mission auprès de Pierre le Cérémonieux,
roi d’Aragon3 4. Cette ambassade dura prés d’un an, car son
nom ne figure plus dans les registres du Parlement entre le
19 mars 1347* et le 21 juillet 13485. A la fin de 1’année
1348, entre le 19 décembre et le 31 janvier 13496, il alia
passer quelques jours k Tournai, et c’est pendant ce court
séjour qu’il raconta k Gilles le Muisit ce qu’il avait vu pen-
1. Cf. infra, p. 68.
2. M. Du Chastel de la Howarderie (Notes pour servir a Vhistoire
de la familie le Muisit, p. 11) 1’a identifie avec Jacques, fils de
Jean le Muisit, quatrième fils...”
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18 |
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“...xviij INTRODUCTION.
dant son voyage : tout le midi de la France ravagé par la
peste, les villes désertes, les campagnes abandonnées1.
Pour ce qui est des documents écrits, nous sommes mieux
renseignés. Gilles le Muisit eut communication de nom-
breuses pièces d’archives. II eut entre les mains des textes
diplomatiques, tels qu’une expédition en francais de la trêve
d’Esplechin2, une expédition également en francais de la
trêve de Malestroit3, et il put les conserver assez longtemps
pour les faire copier et traduire. en la tin.
Le chartrier de Saint-Martin était naturellement k sa dis-
position, et il ne semble pas 1’avoir négligé; il cite des
pièces qui s’y trouvaient au sujet d’un procés relatif aux
reliques de saint Éleuthère4. Les archives de la commune
de Tournai lui étaient également ouvertes; il dit expressé-
ment k propos de 1’organisation du contingent tournaisien :
« Gubernatores ville talia habent in suis registris regis-
trata5. * II consulta le « Registre de cuir noir », si...”
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19 |
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“...Rome en 1300, Gilles se nomme toujours a la première
personne, sans employer la formule : « Ego Egidius, abbas..., »
qui dans la Chronique et les Annales revient chaque fois qu’il est
fait mention de lui (cf. infra, p. 212, 220, 305); il écrit dans un
style simple et courant, bien différent de celui de ses oeuvres his-
toriques; on sent que c’est bien 1’auteur qui a écrit ces lignes
pour lui seul et qu’aucune autre main n’est passée par lè.. Nous
avons cru pouvoir induire de ces différentes observations que
cette note était de la main même de Gilles et que par suite les
autres notes, contenues dans le « Rentale », qui sont toutes de la
même écriture, étaient également autographes.
2. Cf. Préambule de la Chronique, dans De Smet, Corpus Chro-
nicorum Plandrie, t. II, p. 113.
3. Ibid. ; : .
4. Corpus Chronicorum Flandrie, t. II, p. 454-471....”
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20 |
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“...pour être simple, n’est
pourtant point acceptable, et il est, pour le moins, douteux
qu’il faille chercher lk les notes prises par Muevin. En effet,
il est loin d’etre prouvé que Muevin soit 1’auteur de la Chro-
nique que De Smet lui attribue: lemanuscrit unique de Mo ns1 2
ne porte pas de nom d’auteur; un titre, inscrit sur la cou-
verture au xvme siècle8, fait mention, il est vrai, de Muevin;
mais un témoignage si tardif ne peut être admis sans con-
tröle. Or, si 1’on cherche a corroborer ce témoignage par
1 examen du texte, les doutes augmentent: on retrouve co-
piées mot pour mot, sans changement appréciable, toutes les
notes de Gilles le Muisit, contenues dans le « Rentale *, et
aucun changement dans le style n’avertit que les notes qui
ne se retrouvent pas dans le « Rentale » soient d’un autre
auteur. On est done amené k débaptiser la Chronique publiée
par De Smet et k n’y voir qu’un recueil des notes de Le Mui-
sit, travail préparatoire k la rédaction de la Chronique que
nous publions3...”
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